2014, une année noire pour les civils afghans

« Les civils ont payé un lourd tribut à l’intensification de la violence liée au conflit en Afghanistan en 2014, avec des morts et des blessés ayant atteint des niveaux sans précédent », selon les mots du rapport de la Mission d’assistance des Nations Unies (UNAMA), confirmant celui rendu en milieu d’année1. Ainsi, 2014 comptabilise 10 548 dommages civils, comprenant 3 699 morts et 6 849 blessés. Au total, cela représente une augmentation de 22% par rapport à 2013. Les décès ont augmenté de 25%, les blessés de 21%. Il s’agit du plus grand nombre de dommages civils enregistrés depuis le début de la mission en 2009.

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Les femmes et les enfants ont été particulièrement touchés puisque les premières comptent 298 morts et 611 blessés, soit une hausse de 21% par rapport à 2013. En moyenne, plus de 17 femmes ont été tuées ou blessées chaque semaine en 2014 des suites du conflit afghan. Les seconds enregistrent 714 tués et 1 760 blessés, soit une hausse de 40% par rapport à 2013, et le plus grand nombre de dommages civils comptabilisés depuis 2009. Sept enfants étaient tués ou blessés par semaine dans les violences liées au conflit. Il ne faut pas oublier l’impact économique et social profond du conflit sur ces catégories de population qui est largement passé sous silence. Les interviews conduites par l’UNAMA auprès d’un échantillon de femmes montrent qu’elles sont souvent victimes de violence suite au décès de leurs maris2 ; elles subissent l’opprobre social et sont perçues comme des fardeaux par la communauté3. De leur côté, les enfants subissent des violences sexuelles et sont enrôlés de force par les groupes armés anti-gouvernementaux (mais aussi les forces de sécurité pro-gouvernementales).
En tout, l’UNAMA a recensé 47 745 dommages civils (17 774 morts et 29 971 blessés entre le 1er janvier 2009 et le 31 décembre 2014.

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La population civile prise dans le feu croisé du conflit afghan

Deux tendances peuvent être dégagées du bilan dressé par la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (United Nations Assistance Mission in Afghanistan ou UNAMA) sur les conséquences civiles du conflit afghan pour la première moitié de l’année 2014. D’un point de vue quantitatif, on assiste à une hausse des dommages civils, confirmant la tendance observée en 2013. Ainsi, 4 853 dommages civils ont été comptabilisés de janvier à juin 2014, soit 1 964 morts et 3 289 blessés. Au total, il s’agit d’une hausse de 24% par rapport à la même période en 2013 ; cette hausse est de 17% pour les décès et 28% pour les blessés. Les femmes et les enfants paient un lourd tribut. Concernant les premières, 148 sont mortes et 292 blessées au cours des six premiers mois de 2014, ce qui correspond à une hausse de 24% par rapport à 2013. S’agissant des seconds, on déplore 295 décès et 776 blessés, soit une hausse de 34%.

Civilian deaths

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L’état de la violence armée dans le monde

L’Observatoire syrien des droits de l’Homme vient de publier ses dernières estimations du nombre de victimes du conflit syrien. Il en dénombre 150 344. Il convient de constater que ce sont les forces pro-gouvernementales qui ont subi le plus de pertes avec 57 511 victimes. Le nombre de victimes civiles s’élèvent à 51 212. Sur ce point, il est curieux de voir, comme le note Micah Zenko, que les forces rebelles sont inclues dans ce décompte. Quoi qu’il en soit, cette guerre a provoqué des ravages considérables (on compte plus de 2,5 millions de réfugiés syriens) qui ne semblent pas prêts de s’arrêter.

Pour autant, ce conflit est-il emblématique de l’état de la violence dans le monde ?

Non, si on en croit le dernier rapport du Human Security Report Project (HSRP). Ce dernier est un centre de recherche indépendant affilié à l’Université Simon Fraser de Vancouver. Son objet est l’étude des tendances globales et régionales de la violence organisée, leurs causes et leurs conséquences. Les résultats de leurs recherches sont contenus dans un rapport annuel, le Human Security Report.

  • La thèse « décliniste »

Celui de 2013 est incontestablement marquée par la thèse « décliniste ». Celle-ci postule que la violence a décliné chez les êtres humains au cours de l’Histoire, et plus particulièrement à l’époque moderne. Cette thèse a récemment été défendue par le psychologue cognitiviste américain Steve Pinker dans un ouvrage interdisciplinaire intitulé The better angels of our nature. Why violence has declined. Raisonnant à l’échelle de l’histoire des sociétés humaines, Pinker constate une chute du nombre de morts de violence depuis que les hommes ont formé les première « sociétés ». Il l’explique en dégageant six tendances qui ont, selon lui, pacifié les relations humaines au cours de l’Histoire :

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